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jeudi 1 février 2018

Paris vs New York l'intégrale

Comparatifs ludiques et amusants

Ce tome est paru pour la première fois en 2011. Cette nouvelle édition date de 2013, et a été complétée par de nouvelles illustrations de Vahram Muratyan. Il est en grand format.

Ce tome constitue un recueil d'illustrations pleine page. À chaque double page, l'une est consacrée à Paris, l'autre à New York, sur un thème donné. Par exemple, il commence avec une comparaison sur le surnom : la ville lumière pour Paris, la grosse pomme pour New York. Sur la page de gauche, Muratyan a représenté la forme d'une ampoule électrique ; sur la page de droite se trouve la silhouette d'une pomme. Il y a quelques exceptions dans cette présentation : les images peuvent être superposées à l'horizontale plutôt qu'en vis-à-vis à la verticale, ou encore quelques unes peuvent occuper une double page et la comparaison occuper la double page suivante.

Sur ce mode de représentation, l'auteur réalise 135 comparaisons thématiques, allant des façades des immeubles, aux banlieues, en passant par le shopping, les voitures, le parking, etc. Chaque thème est illustré par 2 dessins pleine page (1 pour chaque ville), qui prennent la forme d'icônes, à mi-chemin entre le figuratif et le conceptuel.

"Paris versus New York" est un ouvrage avant tout ludique, et un peu culturel. Le lecteur l'appréciera d'autant plus qu'il connaît les stéréotypes attachés à chacune des 2 capitales. La première comparaison relative aux surnoms permet de poser la règle de ce jeu : un thème, 2 images relevant du symbole graphique ou de l'icône, charge au lecteur d'établir le lien logique avec le thème, et de réfléchir à ce que met en valeur la comparaison.



Par exemple, les pages 16 & 17 sont consacrées au thème "Le taxi". Sur la page de gauche, l'auteur a représenté de manière épurée la forme du signal lumineux sur le toit des taxis parisiens. Sur la première ligne il est vert, la deuxième rouge et la troisième noir. Sur la page de droite, se trouvent 3 représentations du signal lumineux d'occupation des taxis newyorkais, avec les 3 dispositions de lumière possible. Dans un premier temps, le lecteur assimile le thème, puis il identifie la nature de ce que représente le symbole graphique, et enfin il peut s'interroger sur cette différence de formes et de nature des signaux lumineux des taxis (leur historique).

Deuxième exemple, les pages 28 & 29 sont consacrés à un schéma simplifié du plan des rues de l'une et l'autre cité. À gauche, le lecteur peut identifier une percée haussmannienne et un lacis de ruelle. À droite il reconnaît le quadrillage géométrique des avenues, que vient perturber une seule voie. Là encore il faut reconnaître ce qui est représenté de manière schématique. Le lecteur peut alors s'interroger sur les différences culturelles et historiques qui ont abouti à des tracés de rue aussi dissemblables, et à celui qu'il préfère comme cadre de vie.



Ce dispositif très simple de comparaison permet également à Vahram Muratyan de brocarder gentiment les comportements des habitants. Ainsi pour le thème "La reine" (pages 92 & 93), il oppose Marie Antoinette (pour les parisiens, évidemment), à Madonna, c'est-à-dire la culture historique au monde du divertissement. Plus loin (pages 146 & 147), il met en parallèle Amélie Poulain et Carrie Bradshaw, comme femmes emblématiques de chacune des 2 villes.

Suivant les thèmes, le lecteur peut constater un jugement de valeur en faveur de l'une ou l'autre ville, ou même une critique humoristique. Par exemple, pages 152 & 153, Muratyan montre que les parisiens apprécient leur champagne dans une flute, là où les newyorkais le dégustent sans chichi dans un gobelet en carton. Pages 234 & 235, ce sont les créateurs de mode qui en prennent pour leur grade quand le lecteur constate la similitude frappante entre la marque de fabrique de Jean-Paul Gaultier et celle de Ralph Lauren. Ce rapprochement fonctionne d'autant mieux que c'est le lecteur qui fait l'effort de reconnaître un élément emblématique de ces créateurs, dans les 2 symboles visuels représentés. Pages 32 & 33, c'est au tour des parisiens de trinquer, avec la phrase emblématique "J'suis parisien, j'aime rien" mise au regard de "Never take no for an answer".




Au final, Vahram Muratyan ne réalise pas une étude sociologique comparative entre 2 modes de vie découlant chacun d'un milieu urbain différent. Il réalise une suite de comparaisons thématiques, forcément réductrices, mais tout aussi révélatrices pour peu que le lecteur accepte de jouer le jeu et les confronte à sa propre culture.

2 commentaires:

  1. Celui-là, je l'avais déniché dans la bibliothèque de ma femme ; je ne sais pas de quelle édition il s'agit. Tout n'y est pas génial, mais j'avais quand même été admiratif de la puissance de conceptualisation de l'auteur, capable de transformer toute une série de thèmes en deux infographies très dépouillées, complémentaires ou opposées. Cela étant, comme tu le soulignes, l'exercice est forcément réducteur, bien que très révélateur aussi. Et comme tu le mentionnes très justement aussi, il ne s'agit pas d'une étude sociologique, aussi évident que cela puisse paraître.

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    1. En revoyant les planches, je suis encore plus admiratif de leur concision, de leur simplicité, de leur évidence, de leur clarté. Arriver à un tel niveau de qualité de communication quel que soit le lecteur constitue la preuve d'une incroyable perspicacité, et d'une incroyable capacité à penser visuellement en logo et en icône, d'une grande maîtrise des raccourcis visuels culturels.

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