Rien ne se répète !
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il a été réalisé par Andreas Martens pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il a été publié pour la première fois en 1997. Il compte 46 planches de bande dessinée. Cette série est achevée et compte 20 tomes, publiés de 1997 à 2017, regroupés en 4 cycles : 5 tomes pour le premier, 4 dont un double pour le deuxième, 5 pour le troisième et 6 pour le quatrième. Le personnage principal était déjà apparu dans la série Rork du même auteur, en 8 albums de 1978 à 1993. La présente aventure se déroule avant l'apparition dans Rork. La série a été rééditée en une intégrale de 4 tomes, en noir & blanc, à commencer par Intégrale Capricorne - Tome 1.
Un individu dans une combinaison qui le couvre de la tête aux pieds, avec un casque et des lunettes fuit pour échapper à des poursuivants. Il monte à une longue échelle et parvient à franchir le sas et à le refermer. Les soldats sont pris d'effroi en découvrant ce qui les attend au sommet de l'échelle. Un homme seul avec un valisette à la main marche dans la neige de Central Park. Il s'approche de trois vieilles femmes assises autour d'un feu de bois sur lequel est posé un chaudron. Elles lui intiment de s'approcher pour se réchauffer, et prendre un bol de soupe. L'homme s'assoit et demande qui sont tous ces gens. Elles répondent : ce sont les déçus, les rejetés, les laissés-pour-compte de ces temps difficiles, ils nagent à contre-courant, ce sont les expatriés du Soleil et de la Lune, du ciel et de la lumière. Ils vivent dans les égouts et tous les autres passages creusés à travers les siècles par les hommes qui peuplaient des lieux avant. Elles lui indiquent que dorénavant il s'appelle Capricorne. Elles lui font tirer six cartes du destin et explicitent leur sens. Méfie-toi des trois ! Gare aux six carrés ! Tu es l'un, mais tu n'en es qu'un ! Un dieu mourra pour toi ! Rien ne se répète ! Leur élément ne l'est pas ! Elles s'en vont dans les égouts avec les autres laissés-pour-compte.
Capricorne se lève à son tour et reprend sa valisette, ainsi que le morceau de papier déposé à côté. Il sort du parc, se dirige vers une librairie et s'adresse à son propriétaire Byble pour lui demander son chemin. Celui-ci le fait entrer dans son magasin en lui indiquant que l'adresse qu'il chercher est assez loin à pied et qu'il va demander à son employé Astor de l'emmener à la station la plus proche. Par la vitrine, les trois hommes voient un dirigeable s'écraser dans le parc et s'embraser Monsieur Byble ne pouvant pas courir, Capricorne et Astor s'élancent. Il découvre le dirigeable posé sur le dos, et grimpent dans la cabine de pilotage : personne. Ils redescendent. Capricorne a cru percevoir quelque chose, mais non rien. Une fois en bas, un chat avec un collier s'approche d'Astor qui la prend dans ses bras, mais elle en saute aussitôt pour s'éloigner vers les arbres. Ils lui courent après et découvrent l'entrée d'un tunnel, peut-être une ancienne mine. Ils ressortent. La chatte s'est éloignée et s'est approchée d'une boîte brillante. Effrayée, elle s'en éloigne, alors qu'une chatte en tout point semblable, sauf pour son pelage uni et brillant, en sort. Capricorne et Astor sont de retour à la librairie et constatent qu'elle est la proie des flammes. Capricorne se précipite dans le magasin et en ressort avec monsieur Byble dans les bras. Les pompiers sont arrivés et une ambulance prend le brûlé en charge. Astor se lamente sur ses précieux livres incinérés.
La première page comporte neuf cases à la disposition originale : une première colonne avec 3 cases à lire de haut en bas, puis une mince case de la hauteur de la page, et enfin 3 bandes, 2 de 2 cases, et une n'en comportant qu'une seule. Un mystérieux individu (homme ou femme ?) à l'identité inconnue fuit des poursuivants, avec un paquet sous le bras, et leur échappe. À quoi cela correspond-il ? Quelles informations doit en retenir le lecteur ? Impossible à savoir avant de nombreuses pages, car le mystère est épais. Dans cette aventure, le lecteur va aller de mystère en mystère, tous intrigants. Qu'est-ce qui lie le fuyard de la planche 1, avec l'arrivée de Capricorne dans la planche 2 ? Quel est ce mystérieux Objet qui semble servir de McGuffin ? Comment va s'accomplir la prophétie des trois vieilles femmes qui ne sont pas les moires ? Qui est vraiment le peuple des égouts ? Quelle est l'histoire personnelle d'Astor ? Quels sont les objectifs de l'organisation appelée le Dispositif ? Quel est le lien qui unit Ash Grey et John Byble ? Comment l'inspecteur Azakof a survécu à une balle tirée en pleine poitrine ? Le lecteur a plongé dans une bande dessinée d'aventures opposant des méchants à des gentils, avec un héros clairement identifié (il donne son nom à la série) et deux autres personnages dont il fait la connaissance et qui vont devenir ses compagnons d'aventure.
Régulièrement, le lecteur est frappé par la composition d'une page qui sort de la structure classique en bandes. Il en est ainsi de la première planche avec la case de la hauteur de la page qui met en évidence la grande longueur de l'échelle à barreaux. La deuxième planche est composée sous la forme d'un dessine en pleine page, avec 5 cases en insert, les unes au-dessus des autres, montrant Capricorne faire son apparition, comme s'il sortait de la nuit pour apparaître par contraste sur le blanc de la neige. Planche 15, le dessinateur montre un affrontement physique avec une case sans bordure dans laquelle Capricorne et ses ennemis sont représentés dans 3 moments différents. Planche 19, il joue sur le motif des rectangles et de barreaux qui répondent aux rectangles des cases, et de la barre blanche séparant les cases. Il utilise régulièrement une case de la largeur de la page, souvent sans bordure avec un fond blanc sans décor pour couper la page en deux. Planche 40, le lecteur retrouve une case de la hauteur de la page avec une échelle à barreaux qui répond à celle de la planche 1. Andreas utilise à nouveau une case de la hauteur de la page pour mettre en avant la taille du gratte-ciel dont Capricorne devient propriétaire, au 701 Seventh Avenue, à New York. Il réalise régulièrement des planches muettes, sans phylactère ni cartouche de texte, pour les scènes d'action : elles sont au nombre de 7 dans cet album.
Le lecteur fait la connaissance de plusieurs personnages en ce début de série. Capricorne est un bel homme élancé, dans son costume noir, avec chemise blanche et une cravate noire également. Il a un nez aquilin et son visage est marqué de rides, ce qui lui donne un air de trentenaire, et peut-être de quadragénaire. Astor est un individu nettement plus petit, au moins d'une tête par rapport à Capricorne, également vêtu d'un costume et portant de grosses bésicles rondes, accessoire indispensable au rat de bibliothèque qu'il est. Ash Grey porte le pantalon dans la scène d'action et une jupe dans le civil. La forme de sa tête est assez singulière, très ronde. Le profil psychologique de ces trois personnages principaux n'est pas très étoffé. Capricorne est un homme d'action, doué au combat à main nue, et capable de percevoir un signe surnaturel pour une occurrence. On n'en apprend pas plus sur lui. Astor est défini comme étant passionné et amoureux des livres et puis ça s'arrête là. Par comparaison, on en apprend un peu plus sur Ash Grey par le biais de ses liens familiaux et de son métier, ainsi que par sa relation avec John Byble. L'intérêt du récit ne réside donc pas dans la personnalité des protagonistes.
Très vite, le lecteur se retrouve pris dans une intrigue qu'il subodore être de grande ampleur et dépassant le cadre de ce premier tome : c'est le cas. Les pages comptent régulièrement une dizaine de cases, et le scénariste ne décompresse pas son intrigue. Outre l'introduction des personnages, et la mise en place d'une partie des forces en présence, l'auteur développe la dynamique du récit : retrouver l'Objet, dans des aventures hautes couleurs. Dans ce récit presque compressé, le lecteur assiste à de nombreuses séquences de haut vol narratif : les vieilles femmes fixant le statut de Capricorne autour d'un feu dans la neige de Central Park, le crash du zeppelin, une course-poursuite entre une voiture et une moto empruntant le tunnel Holland ou le tunnel Lincoln, avec une belle page muette à l'exception d'un phylactère, la découverte de la bibliothèque dans l'immeuble du chef Cole, le déploiement des hommes en combinaison Hazmat, la découverte de la gigantesque installation secrète souterraine, le minuscule hydravion qui passe au-dessus de la Statue de la Liberté, etc. C'est une aventure échevelée, avec une structure rigoureuse, certains éléments se répondant à plusieurs pages d'intervalle, soit visuels, soit narratifs. Andreas manie les conventions du genre avec une grande maîtrise pour un récit divertissant et des plus intrigants.
En 1997, Andreas Martens a déjà une carrière d'une vingtaine d'années derrière lui. Il lance une série au long cours qu'il envisage à l'échelle d'une vingtaine de tomes et c'est bien ce qu'il adviendra. Le lecteur actuel sait donc qu'il va se lancer dans un long récit dont ce premier tome n'est que le début. Il découvre une intrigue qui capte tout de suite son attention, fonctionnant sur des mystères et des course-poursuites, avec des personnages peu développés, et une narration visuelle encore un peu corsetée, mais déjà personnelle. Arrivé à la fin de ce premier tome, il a hâte de découvrir la suite, un signe qui ne trompe pas sur la qualité de ce divertissement.
Vingt tomes ? Après "Jessica Blandy" et "Caroline Baldwin", voici donc ta nouvelle série-fleuve. En as-tu d'autres dans ta pile à lire ?
RépondreSupprimer"Régulièrement, le lecteur est frappé par la composition d'une page qui sort de la structure classique en bandes." Donc gros travail de réflexion sur la composition. Des planches que tu as extraites, ça marque immédiatement. La première planche m'a fait immédiatement penser à certaines de "Nemo in Slumberland".
"Très vite, le lecteur se retrouve pris dans une intrigue qu'il subodore être de grande ampleur" : Il n'est pas aisé de se faire une idée précise de la nature de cette intrigue. On dirait une aventure dans laquelle il y a une forte dimension surnaturelle.
Pour l'instant, j'ai une autre série-fleuve dans ma pile pour laquelle j'attends le 3ème tome de l'intégrale et c'est à toi que je la dois : Le Mercenaire, de Vicente Segrelles. Si l'intégrale de Arq (18 tomes) d'Andreas voit le jour, je saute dessus !
SupprimerLa composition des pages : il me semblait avoir vu cette remarque quelque part il y a un certain temps, voire un temps certain, et ça m'a frappé en relisant ce tome.
L'intrigue : elle est centrée sur la quête de l'Objet, mais sans qu'elle ne se termine dans ce tome. L'auteur intègre de nombreux éléments qu'il n'a pas la place de développer dans ce 1er tome. Il y a effectivement une dimension surnaturelle dont il n'est pas possible de déterminer l'ampleur à la seule lecture de ce 1er tome.
Je viens de lire la première intégrale de Rork, j'avais oublié une tonne de choses et découvert d'autres nouvelles et même un tome que je n'avais jamais lu, le zéro, Les fantômes, qui a été fait plus tard et est très bien. En attaquant la seconde, je me rends compte que l'on parle directement de Capricorne, dès le tome 4. Je me suis donc arrêté pour lire les premiers tomes de Capricorne, une série pas si indépendante donc :) Je ne sais pas encore combien je vais en lire. Au moins quatre, jusque Le cube numérique, mais possiblement plus.
RépondreSupprimerMerci beaucoup de revenir ainsi : je ne m'attendais pas à ce que tu entames cette lecture aussi rapidement.
SupprimerAyant acheté Capricorne sous sa forme de 4 intégrales en noir & blanc, j'ai lu les introductions de chaque tome, et je connaissais l'interaction entre les deux séries, sans avoir eu le courage de me plonger dans l'intégrale de Rork.
C'est parce que je me suis décidé à relire Rork, que j'avais en grande partie oublié. La chronologie est donc ainsi (dans la diégèse, pas dans la réalisation) : les quatre premiers tomes de Capricorne, les sept de Rork, et ensuite le reste de Capricorne à partir du tome 5 dont les évènements suivent directement ceux du tome 7 de Rork.
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