Il s'agit d'une bande dessinée de 56 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2019, écrite par Danièle Linhart (sociologue, directrice de recherche au CNRS), mise en images par Zoé Thouron. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur professionnel, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.
Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un avant-propos de David Vandermeulen de 4 pages, plus 2 notes. Il construit son introduction sur l'origine de l'utilisation du mot Burn Out, en partant de l'Akédéia des moines copistes, en passant par le séjour de Graham Greene (1904-1991) dans une léproserie à Yonda au Conga Belge, pour arriver dans une Free Clinic de New York dans les années 1970. Jacques (retraité) et une sociologue du travail (appelons-là Danièle) sont en train de prendre une bière en terrasse au café. Jacques indique que Matthias (son petit-fils) se prépare à passer un entretien d'évaluation à son travail. Il est surpris qu'il ne soit pas accompagné par un délégué du personnel, ou soutenu par ses collègues. Danièle lui explique que c'est normal : chaque salarié est évalué sur la base de ses objectifs individualisés, et parfois un salarier peut être le client d'un autre, comme sur une chaîne de production. Jacques se demande comment le monde du travail a pu évoluer comme ça. Danièle convient que la génération de Jacques avait fait très fort avec 3 semaines de grève généralisée. C'est d'ailleurs pour ça que le patronat a réagi.
La sociologue explique alors que la stratégie du patronat a été d'individualiser la gestion des salariés pour créer de la concurrence là où il y avait de la solidarité et de l'entraide. Jacques se souvient que de son temps, les ouvriers s'entraidaient, se refilaient les trucs et astuces, prenaient l'apéritif pendant le boulot, se voyaient en dehors du boulot, et se syndiquaient. Danièle souligne que c'est exactement que ça que le patronat voulait éliminer. Il a pu le faire en instaurant l'individualisation avec les horaires variables, donc des pauses prises à des horaires différents, des pauses déjeuner également en décalé, de la polyvalence permettant de faire tourner les agents au sein d'une équipe, et l'individualisation des primes, remettant en cause le principe de À travail égal, salaire égal. Du coup, le travail est devenu une épreuve solitaire où tout le monde est en concurrence avec tout le monde. Jacques se demande quel est le rapport avec le burn-out. Son téléphone sonne : Matthias rend compte de son entretien qui s'est très mal passé. Son manager s'est déclaré déçu qu'il ait juste rempli ses objectifs et qu'il n'en ait dépassé aucun.
Une fois n'est pas coutume, David Vandermeulen se contente d'une introduction assez brève portant l'origine du terme Burn-out, avec des exemples pris dans l'Histoire. Il remonte ainsi au troisième et quatrième siècle, puis passe tout de suite au vingtième siècle. Il indique dans l'une des notes en fin de texte qu'il a puisé ses informations dans l'ouvrage Global burn-out (2017) de Pascal Chabot. Malgré tout, cela permet d'indiquer que ce phénomène ne date pas de la deuxième moitié du vingtième siècle, et d'expliquer d'où vient le terme de Burn-out. Le lecteur passe ensuite à la bande dessinée proprement dite. Danièle Linhart a choisi un format classique pour son exposé : elle met en scène un avatar (la sociologue du travail) qui expose ses idées à un auditoire. Au début, celui-ci comprend une seule personne, un retraité, ce qui permet de repartir de mai 68 et de pratiques d'un autre temps. Elle intègre également Matthias (ingénieur) ce qui permet d'évoquer la pratique de l'évaluation personnelle, et Lise une infirmière en arrêt évoquant son angoisse de reprendre le travail. Il échoit donc à Zoé Thouron la tâche délicate d'introduire de la variété visuelle dans l'exposé ainsi présenté.
Zoé Thouron a déjà réalisé d'autres bandes dessinées entremêlant humour et vulgarisation comme Les improbablologies (2018). Ici elle est entièrement tributaire de l'exposé qui lui est remis, et du degré auquel l'autrice l'a pensé en termes visuels. Elle dessine des personnages juste dégrossis, avec des exagérations d'expressions à des fins comiques. Le lecteur peut reconnaître facilement les personnages. Elle prend le temps de donner des tenues vestimentaires différenciées : jupe, bottes et pull pour la sociologue, pantalon en velours, chemise et pull pour Jacques, costume cravate pour Matthias, robe, charentaise et tablier à fleur pour Lise chez elle, bleu de travail pour les ouvriers, blouses blanches pour les chercheurs. Le déroulé de l'exposé lui permet de se lâcher un peu avec l'apparition de personnages inattendus comme des parachutistes, un manager en short et chemise hawaïenne, des salariés sous substance psychoactive, une secrétaire proche de la retraite, ou encore une fée DRH. À chaque fois que l'exposé en laisse la latitude, l'artiste introduit un élément de décor : le tapis de la chaîne pour les boîtes de conserve, les banderoles des manifestants les oiseaux dans un jardin public, un cheval de Troie, une rampe à incendie et un toboggan, une chambre d'hôpital, des boulets. Les illustrations restent toutefois inféodées au texte et totalement tributaire de sa forme.
Au début, le texte de l'exposé proprement dit s'entremêle et interagit avec les réactions des personnages, que ce soit la discussion de Jacques et Danièle, ou les observations des ouvriers sur la chaîne de production. Arrivé à la page 47, la narration prend la forme du texte de l'exposé, entrecoupé par des échanges comiques entre les salariés concernés, ou entre syndicalistes, passant dans un registre moins intégré, moins interactif entre exposé et BD que précédemment. D'un côté, il et normal que l'exposé de vulgarisation ait la primauté du déroulé ; de l'autre côté plusieurs ouvrages de la collection reposent sur un mode narratif moins primaire. Pour autant, cela ne retire rien à la qualité de la vulgarisation et l'intérêt de l'exposé. Le lecteur observe même que la densité des phylactères et des encarts de texte ne ralentit pas le rythme de lecture. En outre l'exposé progresse de manière organique et claire. Danièle Linhart part des acquis de mai 68, et indique que le patronat a bien dû réagir pour éviter qu'un tel blocage ne se reproduise. Elle passe en revue les pratiques managériales, la psychologisation du travail, la narcissisation des salariés dont découle une servitude volontaire, la manière d'obtenir une implication personnelle, affective et émotionnelle, aux dépends de la professionnalité des salariés, la façon dont les évolutions perpétuelles et toujours plus rapides maintiennent tous les salariés et fonctionnaires dans un état d'apprentissage perpétuel. Plutôt que d'évoquer le burn-out de manière frontale, elle dresse l'évolution des conditions de travail sous un angle sociologique, de manière que le regard du lecteur soit différent et son esprit déjà informé pour en arriver au burn-out comme état généré par l'organisation du travail, une forme d'épuisement du travailleur ayant perdu sa confiance en lui et envisageant sa tâche comme un éternel recommencement du fait d'un environnement sans cesse changeant, rendant impossible espoir de terminer, ou de reprendre le dessus.
Tout du long de son exposé court la souffrance au travail, que ce soit l'absence de reconnaissance des compétences, des savoirs professionnels, de l'expérience. Elle présente l'évolution des pratiques managériales, la pratique du changement perpétuel, ainsi que l'évolution de la fonction Ressources Humaines, vers une perspective de s'arroger le droit de prendre en charge les difficultés de la vie privée des salariés. Le lecteur salarié ou employé reconnaît aisément certaines pratiques auxquelles il a pu être soumis : les gadgets ludiques, le management jouant sur l'affectif plutôt que sur les connaissances métier, la transposition de bonnes pratiques d'un secteur d'activité à un autre n'ayant aucun rapport avec le premier, l'obligation de s'impliquer pour rendre pertinents et intelligents des dispositifs pensés en dehors d'eux, voire même le saut à l'élastique pour assurer la cohésion, etc. Au fur et à mesure de la progression de l'exposé, il peut ne pas adhérer au principe sous-jacent qui veut que toutes ces évolutions aient été téléguidées par le patronat, une forme pernicieuse de complot global. Mais il se souvient aussi des compétences professionnelles de l'autrice, et la plupart des remarques fait mouche par rapport à sa propre expérience professionnelle. Cela l'amène à se poser d'autres questions, comme la manière dont les managers peuvent être eux-mêmes manager puisqu'ils connaissent toutes les ficelles, les trucs et astuces.
Zoé Thouron et Danièle Linhart n'évitent pas la difficulté inhérente à cet exercice de vulgarisation : elles utilisent un dispositif narratif basique mais qui n'aboutit pas toujours à une bande dessinée. Par contre, le discours de Danièle Linhart est passionnant de bout en bout et met en lumière les mécanismes du management contemporain, ce qui fait froid dans le dos, et permet de comprendre comment un salarié ou un employé peut arriver à un état de souffrance aussi insupportable, quand il doit veiller en permanence à faire l'usage de lui-même le plus efficace, le plus rentable quelles que soient les situations de travail de plus en plus incertaines et fluctuantes, en s'infligeant la philosophie d'économie systématique des temps et des coûts, et que le mode de management se montre bienveillant avec lui tant qu'il reste dans le cadre imposé. L'employé ne semble pas pouvoir mettre en scène des stratégies d'évitement face à des pratiques relevant de l'organisation et pas imputables à un ou plusieurs individus.
Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un avant-propos de David Vandermeulen de 4 pages, plus 2 notes. Il construit son introduction sur l'origine de l'utilisation du mot Burn Out, en partant de l'Akédéia des moines copistes, en passant par le séjour de Graham Greene (1904-1991) dans une léproserie à Yonda au Conga Belge, pour arriver dans une Free Clinic de New York dans les années 1970. Jacques (retraité) et une sociologue du travail (appelons-là Danièle) sont en train de prendre une bière en terrasse au café. Jacques indique que Matthias (son petit-fils) se prépare à passer un entretien d'évaluation à son travail. Il est surpris qu'il ne soit pas accompagné par un délégué du personnel, ou soutenu par ses collègues. Danièle lui explique que c'est normal : chaque salarié est évalué sur la base de ses objectifs individualisés, et parfois un salarier peut être le client d'un autre, comme sur une chaîne de production. Jacques se demande comment le monde du travail a pu évoluer comme ça. Danièle convient que la génération de Jacques avait fait très fort avec 3 semaines de grève généralisée. C'est d'ailleurs pour ça que le patronat a réagi.
La sociologue explique alors que la stratégie du patronat a été d'individualiser la gestion des salariés pour créer de la concurrence là où il y avait de la solidarité et de l'entraide. Jacques se souvient que de son temps, les ouvriers s'entraidaient, se refilaient les trucs et astuces, prenaient l'apéritif pendant le boulot, se voyaient en dehors du boulot, et se syndiquaient. Danièle souligne que c'est exactement que ça que le patronat voulait éliminer. Il a pu le faire en instaurant l'individualisation avec les horaires variables, donc des pauses prises à des horaires différents, des pauses déjeuner également en décalé, de la polyvalence permettant de faire tourner les agents au sein d'une équipe, et l'individualisation des primes, remettant en cause le principe de À travail égal, salaire égal. Du coup, le travail est devenu une épreuve solitaire où tout le monde est en concurrence avec tout le monde. Jacques se demande quel est le rapport avec le burn-out. Son téléphone sonne : Matthias rend compte de son entretien qui s'est très mal passé. Son manager s'est déclaré déçu qu'il ait juste rempli ses objectifs et qu'il n'en ait dépassé aucun.
Une fois n'est pas coutume, David Vandermeulen se contente d'une introduction assez brève portant l'origine du terme Burn-out, avec des exemples pris dans l'Histoire. Il remonte ainsi au troisième et quatrième siècle, puis passe tout de suite au vingtième siècle. Il indique dans l'une des notes en fin de texte qu'il a puisé ses informations dans l'ouvrage Global burn-out (2017) de Pascal Chabot. Malgré tout, cela permet d'indiquer que ce phénomène ne date pas de la deuxième moitié du vingtième siècle, et d'expliquer d'où vient le terme de Burn-out. Le lecteur passe ensuite à la bande dessinée proprement dite. Danièle Linhart a choisi un format classique pour son exposé : elle met en scène un avatar (la sociologue du travail) qui expose ses idées à un auditoire. Au début, celui-ci comprend une seule personne, un retraité, ce qui permet de repartir de mai 68 et de pratiques d'un autre temps. Elle intègre également Matthias (ingénieur) ce qui permet d'évoquer la pratique de l'évaluation personnelle, et Lise une infirmière en arrêt évoquant son angoisse de reprendre le travail. Il échoit donc à Zoé Thouron la tâche délicate d'introduire de la variété visuelle dans l'exposé ainsi présenté.
Zoé Thouron a déjà réalisé d'autres bandes dessinées entremêlant humour et vulgarisation comme Les improbablologies (2018). Ici elle est entièrement tributaire de l'exposé qui lui est remis, et du degré auquel l'autrice l'a pensé en termes visuels. Elle dessine des personnages juste dégrossis, avec des exagérations d'expressions à des fins comiques. Le lecteur peut reconnaître facilement les personnages. Elle prend le temps de donner des tenues vestimentaires différenciées : jupe, bottes et pull pour la sociologue, pantalon en velours, chemise et pull pour Jacques, costume cravate pour Matthias, robe, charentaise et tablier à fleur pour Lise chez elle, bleu de travail pour les ouvriers, blouses blanches pour les chercheurs. Le déroulé de l'exposé lui permet de se lâcher un peu avec l'apparition de personnages inattendus comme des parachutistes, un manager en short et chemise hawaïenne, des salariés sous substance psychoactive, une secrétaire proche de la retraite, ou encore une fée DRH. À chaque fois que l'exposé en laisse la latitude, l'artiste introduit un élément de décor : le tapis de la chaîne pour les boîtes de conserve, les banderoles des manifestants les oiseaux dans un jardin public, un cheval de Troie, une rampe à incendie et un toboggan, une chambre d'hôpital, des boulets. Les illustrations restent toutefois inféodées au texte et totalement tributaire de sa forme.
Au début, le texte de l'exposé proprement dit s'entremêle et interagit avec les réactions des personnages, que ce soit la discussion de Jacques et Danièle, ou les observations des ouvriers sur la chaîne de production. Arrivé à la page 47, la narration prend la forme du texte de l'exposé, entrecoupé par des échanges comiques entre les salariés concernés, ou entre syndicalistes, passant dans un registre moins intégré, moins interactif entre exposé et BD que précédemment. D'un côté, il et normal que l'exposé de vulgarisation ait la primauté du déroulé ; de l'autre côté plusieurs ouvrages de la collection reposent sur un mode narratif moins primaire. Pour autant, cela ne retire rien à la qualité de la vulgarisation et l'intérêt de l'exposé. Le lecteur observe même que la densité des phylactères et des encarts de texte ne ralentit pas le rythme de lecture. En outre l'exposé progresse de manière organique et claire. Danièle Linhart part des acquis de mai 68, et indique que le patronat a bien dû réagir pour éviter qu'un tel blocage ne se reproduise. Elle passe en revue les pratiques managériales, la psychologisation du travail, la narcissisation des salariés dont découle une servitude volontaire, la manière d'obtenir une implication personnelle, affective et émotionnelle, aux dépends de la professionnalité des salariés, la façon dont les évolutions perpétuelles et toujours plus rapides maintiennent tous les salariés et fonctionnaires dans un état d'apprentissage perpétuel. Plutôt que d'évoquer le burn-out de manière frontale, elle dresse l'évolution des conditions de travail sous un angle sociologique, de manière que le regard du lecteur soit différent et son esprit déjà informé pour en arriver au burn-out comme état généré par l'organisation du travail, une forme d'épuisement du travailleur ayant perdu sa confiance en lui et envisageant sa tâche comme un éternel recommencement du fait d'un environnement sans cesse changeant, rendant impossible espoir de terminer, ou de reprendre le dessus.
Tout du long de son exposé court la souffrance au travail, que ce soit l'absence de reconnaissance des compétences, des savoirs professionnels, de l'expérience. Elle présente l'évolution des pratiques managériales, la pratique du changement perpétuel, ainsi que l'évolution de la fonction Ressources Humaines, vers une perspective de s'arroger le droit de prendre en charge les difficultés de la vie privée des salariés. Le lecteur salarié ou employé reconnaît aisément certaines pratiques auxquelles il a pu être soumis : les gadgets ludiques, le management jouant sur l'affectif plutôt que sur les connaissances métier, la transposition de bonnes pratiques d'un secteur d'activité à un autre n'ayant aucun rapport avec le premier, l'obligation de s'impliquer pour rendre pertinents et intelligents des dispositifs pensés en dehors d'eux, voire même le saut à l'élastique pour assurer la cohésion, etc. Au fur et à mesure de la progression de l'exposé, il peut ne pas adhérer au principe sous-jacent qui veut que toutes ces évolutions aient été téléguidées par le patronat, une forme pernicieuse de complot global. Mais il se souvient aussi des compétences professionnelles de l'autrice, et la plupart des remarques fait mouche par rapport à sa propre expérience professionnelle. Cela l'amène à se poser d'autres questions, comme la manière dont les managers peuvent être eux-mêmes manager puisqu'ils connaissent toutes les ficelles, les trucs et astuces.
Zoé Thouron et Danièle Linhart n'évitent pas la difficulté inhérente à cet exercice de vulgarisation : elles utilisent un dispositif narratif basique mais qui n'aboutit pas toujours à une bande dessinée. Par contre, le discours de Danièle Linhart est passionnant de bout en bout et met en lumière les mécanismes du management contemporain, ce qui fait froid dans le dos, et permet de comprendre comment un salarié ou un employé peut arriver à un état de souffrance aussi insupportable, quand il doit veiller en permanence à faire l'usage de lui-même le plus efficace, le plus rentable quelles que soient les situations de travail de plus en plus incertaines et fluctuantes, en s'infligeant la philosophie d'économie systématique des temps et des coûts, et que le mode de management se montre bienveillant avec lui tant qu'il reste dans le cadre imposé. L'employé ne semble pas pouvoir mettre en scène des stratégies d'évitement face à des pratiques relevant de l'organisation et pas imputables à un ou plusieurs individus.
A priori, le postulat de mai 1968 ne tient la route qu'en France, et pas ailleurs ; on parle pourtant d'un phénomène mondial. Et ici, ça parle plus du monde de la prod que de celui du service.
RépondreSupprimerÇa a l'air assez orienté, comme type de propos, surtout d'auteurs qui, semble-t-il, n'ont jamais travaillé en entreprise.
Ça me fait davantage penser à un bouquin anti-patronat ou anti-entreprise qu'une ouvrage de vulgarisation sur le burn out.
Ça sent fort la caricature.
Des évals, j'en ai eu des caisses, j'en ai donné aussi. Aujourd'hui, le système est rendu le plus transparent possible, avec possibilité de l'intervention d'un délégué syndical ou d'un employé des RH en cas de désaccord. Ça peut générer des frustrations, mais je n'ai jamais assisté à ce type de drame.
Extrêmement dubitatif à l'égard de la qualité de cet ouvrage ; comme tu t'en doute, je ne le lirai pas.
Oui, le propos est orienté, c'est ce qui m'a laissé la sensation de complot mondial, indicateur qui a tendance à me faire prendre du recul avec ce qui est raconté. Ayant été voir la page wikipedia de l'autrice, il est effectivement fort probable qu'elle n'ait pas travaillé comme salariée d'une entreprise. Mais les évaluations annuelles sont également pratiquées dans la fonction publique.
RépondreSupprimerJe suis moi aussi soumis au rite de l'évaluation annuelle, à la fois comme évalué, à la fois comme évaluateur. Mon constat est que le ressenti et même la nature de l'évaluation (pourtant fait sur la base d'une grille prédéfinie et connue) dépend fortement de l'évaluateur. Il peut s'agir d'un moment constructif, comme d'un moment très désagréable, même si le constat par rapport aux objectifs est similaire.
Mon commentaire ne restitue que partiellement un ouvrage qui est déjà une synthèse d'une vision construite sur plusieurs décennies d'observation. Il est encore plus trompeur que la thèse ne serait orientée. Je n'ai pas pu faire autrement non plus que de rapprocher la parution de ce tome avec l'ouverture du procès relatif aux suicides chez France Telecom. Difficile ne pas y voir une stratégie marketing, et difficile de nier la réalité de cette forme extrême de burn-out.
La souffrance au travail existe, et l'épuisement aussi. L'approche développée par Danièle Linhart m'a intéressé parce qu'elle prend une forme d'analyse systémique, plutôt que de pointer du doigt des individus tordus ou fragiles, ce qui est une solution de simplicité.
J'ai le même ressenti que toi concernant l'évaluation. J'ajouterais que non seulement sa nature dépend de l'évaluateur, comme tu l'expliques, mais aussi de la relation que tu as avec celui ou celle-ci. Pour moi, ce système (en tout cas, tel que je le connais) vise à émettre un avis aussi objectif que possible sur un ensemble de points prédéfinis (qualité du travail, attitude, etc.). Mais ça peut toujours déraper. À l'avenir, peut-être serons-nous évalués par une intelligence artificielle, qui sait ?
SupprimerJe pense que ce système d'évaluation, malgré tout, est aussi fragile que peut l'être une personnalité humaine. J'ai eu des collègues qui ont vécu des burn-out et qui en sont revenus. Je pense que pour un responsable, voir une personne de son équipe souffrir d'un burn-out doit être quelque chose de terrible. Si la personne s'efforce de cultiver des qualités humaines, je pense qu'il est difficile de ne pas ressentir une certaine responsabilité.
L'évaluation par logiciel existe déjà et c'est une catastrophe sur le plan humain. En ce qui concerne mon métier, tout n'est pas objectivable ou quantifiable et chaque année mon évaluateur fait le constat que je n'ai pas atteint mes objectifs établis par lui l'année d'avant, majoritairement parce qu'ils ont été changés en cours d'année. Je préfère ne pas imaginer le casse-tête pour essayer de faire rentre ça dans les cases d'une application informatique automatisée.
RépondreSupprimerJ'ai assisté à un burn-out et c'est une tragédie terrible. Dans l'arbre des causes qu'il est possible d'établir a posteriori, les conditions ayant abouti à cette catastrophe sont humaines, mais aussi systémique. Comme tu le soulignes, c'est aussi un drame qui touche une équipe, le n+1, mais aussi les collègues et éventuellement les subalternes, et l'organisation même du travail.
Ce qui est étrange, d'ailleurs - ou pas, c'est à quel point le burn-out est encore un sujet tabou. Il faudrait que l'on offre à ses collègues si elle revient travailler - une formation, une approche permettant d'appréhender la situation et faire en sorte que le retour, s'il y en a un, se passe dans les meilleures conditions possibles.
SupprimerJe précise (parce que ma phrase ne veut rien dire) : à la personne victime d'un burn-out, et qui revient travailler.
SupprimerJ'avais compris la phrase et effectivement une information basique serait la moindre des choses. Je n'ai pas connaissance qu'une telle disposition existe. N'ayant pas de connaissance particulière sur le sujet, je ne connais pas le pourcentage de salariés ayant subi un burn-out qui retournent dans leur poste. Je présume également que la nature du burn-out rend la situation délicate : il est vraisemblable que le burn-out soit couvert par le secret médical et que l'employeur ou les collègues ne le sachent que si le malade leur en fait part. Du coup, je m'attendrais plus à une information de type préventive : une explication de ce que c'est, des indications sur les symptômes, à la fois pour les collègues, à la fois pour les managers pour conserver la dimension d'équipe.
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