Ce tome fait suite à Caroline Caroline Baldwin 4 : La dernière danse (1999) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. La première édition date de 1999 et il est repris dans Caroline Baldwin Intégrale T2: Volumes 5 à 8. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Bruno Wesel. Il comprend des extraits de parole de chanson tirés de la comédie musicale Absurdia de Xavier Rossey & Alexis Vanderheven.
À New York, un anonyme téléphone à la police pour les avertir du crime qu'il vient de commettre et d'où se trouve le cadavre. L'inspecteur Philips se rend sur place pour effectuer les constats et diriger l'enquête. Alors que Caroline Baldwin est en train de travailler à son poste informatique dans les locaux de la société dont elle est salariée, elle est importunée par Walter, un collègue avec une calvitie précoce, dragueur impénitent. Il lui propose de l'accompagner à un opéra rock appelé Absurdia. Plus tard dans la journée, elle se promène dans la rue avec l'inspecteur Philips et lui parle d'Absurdia. Il lui répond que sa femme adore. Ils évoquent ensuite l'épidémie de cadavres et le fait qu'apparemment les victimes n'ont rien à voir entre elles. Le soir, Caroline Baldwin va prendre un verre dans son bar préféré et papote avec le barman, une vieille connaissance. Elle lui indique qu'elle habite chez Andie dont la mère lui loue l'appartement. Elle finit par trouver la musique en fond sonore, un peu lassante : c'est la bande originale d'Absurdia.
Le lendemain, Caroline Baldwin arrive au bureau où elle est accueillie par Rose, l'une des deux secrétaires qui l'informe que le patron l'attend dans son bureau. Elle prend place dans le bureau et le patron lui présente Clark & Rossey, respectivement producteur & créateur de l'opéra rock Absurdia. Ces derniers font appel à l'agence pour retrouver au plus vite le coupable, afin que la première puisse avoir lieu, car le tueur a envoyé un communiqué à la presse exigeant la présence d'Alan Layne dans le premier rôle. Ils quittent le bureau, très confiants dans les capacités de Baldwin, en lui laissant 2 invitations gratuites. Elle reçoit Philips chez elle et ils évoquent les pistes. Ils décident que la prochaine étape est d'aller interroger Alan Layne, 30 ans, chanteur. Le lendemain, ils se rendent donc dans l'hôtel luxueux où Layne loue la suite qui occupe tout le dernier étage. Baldwin se moque de Philips qui a amené les CD de Layne pour qu'il lui dédicace pour sa femme. Layne leur explique qu'il a décidé de prendre ses distances avec le spectacle parce que les producteurs ont choisi de sortir le CD avec les artistes de la distribution anglaise dont il ne faisait pas partie. Philips lui présente les photographies des victimes parues dans la presse, Layne n'en reconnaît aucune.
Dans l'édition intégrale, le lecteur apprend que la trame de cet album est née de la demande de Xavier Rossey (compositeur de chansons) et Philippe d'AVilla (futur interprète de la comédie musicale Roméo & Juliette, 2001) qui lui proposaient de réaliser une bande dessinée pour accompagner leur projet de comédie musicale titrée Absurdia. André Taymans accepte et transpose l'action à New York, l'occasion de représenter Time Square et Broadway. Effectivement, comme dans les albums précédents, le lecteur peut apprécier la qualité touristique des planches. Ça commence dès la première page avec 7 cases transcrivant l'urbanisme et les aménagements de voirie d'une rue newyorkaise. Ça continue avec la première case de la deuxième page pour une vue en contre-plongée d'un immeuble à l'angle de Broadway et la quarante-sixième avenue. La page 12 est consacrée à un dialogue entre Baldwin et Philips pendant qu'ils marchent dans la rue. En pages 16 & 17, le lecteur prend le ferry pour Staten Island, avec Caroline Baldwin. Puis il accompagne Baldwin alors qu'elle effectue une filature. À la vingt-cinquième planche, il admire les façades de Broadway rutilantes de néons. En cours d'album, il admire les toits de New York lors d'une balade en hélicoptère, l'auteur s'étant inspiré d'une balade identique dont il avait lui-même fait l'expérience. Comme dans les tomes précédents, l'artiste laisse le choix au lecteur de passer rapidement sur ces cases, car l'œil saisit immédiatement la composition générale, grâce à des traits assurés et précis, et une mise en couleurs qui fait ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, sans donner l'impression de kaléidoscope criard. Au contraire s'il souhaite prendre le temps de la visite comme un touriste, il peut détailler chaque case, apprécier la richesse de la description et sa précision, des façades, aux boîtes à lettre, en passant par la forme caractéristique des signaux de circulation, et des auvents protégeant les entrées des immeubles luxueux. En hélicoptère, il voit l'absence d'harmonisation réglementaire de la hauteur des immeubles. À Staten Island, il observe un urbanisme plus étalé, avec plus de maisons.
Pour ce cinquième tome, l'auteur reprend le principe d'une enquête policière comme trame. Plusieurs meurtres sont commis par un criminel ayant une revendication sortant de l'ordinaire : que le chanteur Alan Layne assure le rôle principal d'une comédie musicale. Comme dans les tomes précédents, le lecteur peut voir que Caroline Baldwin bénéficie d'un accès facilité aux renseignements de la police, grâce à son amitié avec l'inspecteur Philips. Elle peut même pénétrer sur les lieux d'un crime en même temps que lui, sans que cela ne choque personne. Il ne s'agit donc pas d'un reportage réaliste au cœur d'une enquête de police. Comme il se doit dans une bande dessinée avec un personnage principal, l'héroïne est présente au bon moment, au bon endroit pour être au centre de l'action. Malgré tout, le scénariste déroule bien une enquête, avec des déductions, des ratés, et des coups de chance. L'héroïne est légitime à y être associée car elle fait partie d'un cabinet de détectives privés. Elle apporte sa contribution à l'enquête par ses connaissances personnelles en matière de thérapie médicale, et par sa relation avec un pilote d'hélicoptère. André Taymans construit son récit de manière à visiter différents lieux, pour apporter de la variété visuelle, avec plusieurs scènes d'action pour insuffler du mouvement, en plus de l'attrait touristique. Du coup, le lecteur ne se formalise pas trop quand une page ne comprend que des cases avec des têtes en train de parler, car Caroline Baldwin a besoin d'interroger des personnes et des témoins, et de recueillir des informations pour progresser en tâtonnant. En outre ces pages de dialogue se lisent avec une facilité déconcertante et une réelle curiosité de découvrir des renseignements, même s'ils sont sujet à caution en fonction de l'interlocuteur.
En plus de ces vrais plaisirs de lecture, le lecteur a envie de retrouver Caroline Baldwin car il s'y est attaché. La seconde séquence lui rappelle qu'elle ne travaille pas en indépendante, mais pour un cabinet. Il commence par rencontrer un de ses collègues, cavaleur mais sans le physique de Casanova, assez original, même si finalement il n'est pas développé, et ressort au final comme un artifice narratif arrivant à point nommé à deux reprises. Malgré sa personnalité peu agréable, André Taymans arrive à susciter un minimum d'empathie chez le lecteur, en lui donnant un air inoffensif et vaguement vieillot. Quelques pages plus loin, le lecteur se retrouve en face du patron de l'agence, que Caroline appelle monsieur. Il apparaît comme quelqu'un de compétent et un peu bienveillant, mais sans plus de personnalité. Il faut donc attendre le second rôle pour avoir un personnage plus consistant : l'inspecteur de police Philips. En fait, là encore, il sert plus d'interlocuteur à Caroline, que d'individu développé, même si on apprend qu'il a une femme. Les dessins montrent un individu professionnel, d'une cinquantaine d'années, fumant la clope. Alan Layne apparaît dans plusieurs séquences, comme un individu sympathique, malgré les soupçons qui pèsent sur lui, bien mis de sa personne, et dépourvu de sentiment de supériorité. Il reste Caroline Baldwin, toujours aussi svelte et naturelle, avec des gestes décidés et assurés. Elle n'apparaît ni nue, ni en petite tenue dans cette histoire.
Le lecteur retrouve les dessins d'André Taymans assez inspirés de la ligne claire, pour des pages avec un haut niveau de détails, et un détourage simplifié. Outre les promenades touristiques, il apprécie la rigueur de sa mise en page dans les dialogues, en particulier les deux pages de têtes en train de parler (planches 6 & 7) lors de la réunion dans le bureau du patron de Caroline Baldwin. Il admire comment l'artiste construit ses prises de vue pour montrer l'environnement, par exemple le voyage sur le ferry reliant Staten Island. Il se sent très impliqué dans la scène d'affrontement avec coup de feu à la fin, grâce au savant découpage montrant comment les opposants se mettent à couvert en profitant des carcasses de véhicules dans la casse. Il sait gré à l'auteur d'intégrer une ou deux respirations comiques, à commencer par le retour répétitif du mot Absurdia chez les interlocuteurs de Caroline Baldwin.
Ce cinquième tome se situe dans la droite lignée des quatre premiers, conservant toutes leurs qualités de rigueur graphique, de dimension touristique, d'enquête presque plausible, et de personnage central toujours touchant. Le lecteur partage la peine de Caroline Baldwin quand elle s'anesthésie à coup de whisky au bar pour oublier le sort d'Andie. Il reste très inquiet pour sa santé lors de la révélation de la dernière page, d'autant plus qu'à l'époque il s'agissait d'une maladie quasiment pas évoquée dans les bandes dessinées.
Va savoir pourquoi, mais cette série, sans que je l'aie lue, m'a toujours fait de l'œil ; sans doute pour le personnage et le style graphique ? Quelque part, je suis satisfait qu'elle semble te plaire aussi.
RépondreSupprimerJ'ai vu que tu avais chroniqué les quatre premiers tomes ; je regarde ça.
C'était un bon souvenir de BD empruntées à la bibliothèque et j'ai souhaité les redécouvrir. Je ne suis pas déçu.
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