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jeudi 9 janvier 2025

L'incroyable histoire de la littérature française

Comment faire pour prévenir de telles détestations ?


Ce tome regroupe la présentation de trente-quatre écrivains français, répartis sur cinq siècles du seizième au vingtième. Sa première édition date de 2019, et la version augmentée de 2022. Il a été réalisé par Catherine Mory (professeure de français) pour le scénario, et par Philippe Bercovici pour les dessins, avec une mise en couleur réalisée par Isabelle Lebeau et Christian Lerolle. Il comprend environ trois-cent-quarante pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec un avant-propos de l’autrice, évoquant son intention : Comment faire pour prévenir une détestation des auteurs classiques ? Elle y répond : C’est par la porte de la biographie qu’elle propose au lecteur d’entrer. Elle a choisi les auteurs les plus étudiés pour le baccalauréat dans la mesure où cet ouvrage s’adresse à tout public dès le lycée. Chaque siècle bénéficie d’une page de texte évoquant le contexte historique et les grands courants de pensée. Il se termine par un glossaire de soixante-quatre termes, allant de Acrostiche à Zutistes, en passant par Autofiction, Calligramme, Déisme, Édit de Nantes, Existentialisme, Jansénisme, Monarchie de Juillet, Ordonnance de Villers-Cotterêts, Parnasse, Syndrome de Stendhal, etc.


XVIe siècle. François Rabelais, vers 1483 (près de Chinon) – 1553 (Paris). Au moyen-âge, les livres étaient copiés à la main. C’est pourquoi ils étaient rares et très chers. Avec l’invention de l’imprimerie au milieu du XVe siècle, tout change. Avant, les professeurs enseignaient surtout des commentaires. Avec l’imprimerie, les lettrés peuvent enfin lire les textes originaux. Désormais, les fidèles ont directement accès à la Bible et non plus seulement à travers les paroles du prêtre. Beaucoup critique l’enrichissement de l’Église et notamment le commerce des indulgences, qui permettait de racheter ses péchés contre de l’argent. On reproche notamment aux prêtres d’encourager les superstitions. Dès lors, nombreux sont ceux qui souhaitent réformer l’Église. Ainsi, en 1534 a lieu la fameuse affaire des Placards. […] C’est dans ce contexte que naît François Rabelais près de Chinon.



Joachim du Bellay, 1522 (Liré) – 1560 (Paris). Du Bellay est issu d’une illustre famille d’Anjou. Pour le petit Joachim, ça part mal. Orphelin à 10 ans, il est livré à lui-même dans le château familial. En plus, il est chétif et maladif. Mais il a un rêve : devenir homme de guerre comme son cousin Guillaume. Il compte bien sur ce dernier pour lui ouvrir la carrière des armes. Or, en 1543, le cousin bataille un peu trop fort, et avec lui s’écroule le rêve du jeune homme. C’est aux obsèques de Guillaume que du Bellay aurait rencontré Ronsard. Toujours est-il que, en 1547, Du Bellay suit Ronsard au collège de Coqueret à Paris, pour étudier la culture gréco-latine. Sous la direction de leur maître Jean Dorat, ils deviennent de véritables humanistes. Ils admirent les Anciens, mais veulent aussi défendre la langue française. Avec d’autres jeunes gens, ils forment la Brigade, bientôt appelée la Pléiade.


Au vu du titre, le lecteur se dit qu’il se lance dans un passage en revue de la littérature française (c’est dans le titre quand même), avec une historicisation de son évolution depuis les XVIe siècle jusqu’au XXe, au travers de grands auteurs, montrant les différentes phases d’évolution du roman. Peut-être décide-t-il de lire l’introduction après la partie BD, ou qu’il la survole. La page de présentation du XVIe siècle s’avère enrichissante et éclairante : l’invention de l’imprimerie, l’accessibilité des livres, les humanistes, naissance de l’Église réformée, promulgation de l’édit de Nantes, actions de François 1er (création du Collège de France, prémices de la Bibliothèque nationale), ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), promotion de la langue française. Pour ce siècle, l’autrice a retenu quatre écrivains : François Rabelais (1483-1553), Joachim du Bellay (1522-1560), Pierre Ronsard (1524-1585) et Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592). Selon l’auteur, elle consacre plus ou moins d’espace à sa biographie, au contexte historique de l’époque, à sa bibliographie, à citer certains passages de ses œuvres, et à sa vie intime. Le lecteur fait l’expérience que la narration est avant tout portée par le texte, les images venant l’illustrer. Les séquences sur une action avec deux ou trois cases à suivre sont très rares. À a lecture, il apparaît que le plus souvent le texte se suffit à lui-même. Les cases viennent apporter une incarnation humaine, en montrant l’écrivain ou l’écrivaine, souvent avec une touche d’exagération comique, entre une respiration dans un texte dense, et une accroche humoristique.



Un peu décontenancé, le lecteur se réfère au texte de quatrième de couverture et à l’introduction, et il constate sa méprise. Le dos de la BD le dit clairement : Cet album passionnant s’adresse aussi bien aux novices qu’aux férus de littérature. Puis : Il transformera à jamais votre vision des écrivains qui, bien que géniaux, restent avant tout… des hommes. Quand une BD s’empare avec humour des classiques et présente les génies français dans leur plus simple appareil… L’autrice l’annonce également clairement : C’est donc par la porte de la biographique que l’ouvrage propose au lecteur d’entrer. Le lecteur découvre ou complète ses connaissances sur la vie des auteurs suivant. XVIe siècle : Rabelais, Du Bellay, Ronsard, Montaigne. XVIIe siècle : Corneille, La Fontaine, Molière, Pascal, Mme de Lafayette, Racine. XVIIIe siècle : Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot, Beaumarchais, Gouges. XIXe siècle : Stendhal, Balzac, Hugo, Sand, Baudelaire, Flaubert, Zola, Maupassant, Rimbaud. XXe siècle : Proust, Apollinaire, Céline, Aragon, Sartre, Camus, Duras. Cette liste des écrivains suit l’ordre chronologique. En fonction des connaissances sur eux, de leur vie, un chapitre peut aller de quatre pages (par exemple pour Joachim du Bellay), à dix-sept pages (pour Louis Aragon).


Le lecteur constate rapidement que chaque entrée présente une densité élevée. Les textes sont clairs, rédigés avec des phrases courtes, tout en abordant une multitude de notions. Par exemple, pour Olympes de Gouges (1748-1793), l’autrice aborde les circonstances de sa naissance (fille illégitime d’un poète futur académicien), son éducation, son mariage à dix-sept ans (bâtarde, roturière, inculte et mal mariée, puis jeune mère), veuve à dix-huit ans, montant à Paris en 1770, fréquentant les salons progressistes, ayant des amants, se passionnant pour le théâtre, acquérant une conscience politique ardente et une impétueuse envie d’écrire, autrice d’une pièce de théâtre dénonçant l’esclavage qui se heurte au lobby de certains colons et armateurs, le contexte des états généraux et de la révolution française, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (établie par Olympes de Gouges), d’autres pièces de théâtres et des affiches sur les murs de Paris, la dénonciation des exécutions sommaires de centaines de prisonniers en 1792, sa proposition de s’offrir comme avocate de Louis XVI, la proposition d’organiser un référendum pour que les Français choisissent un gouvernement républicain, fédéral ou monarchique, sa condamnation et son exécution publique avec la guillotine. Tout ça en seulement onze pages.



Du coup, à la fois cela ne laisse pas beaucoup de place aux dessins, à la fois cela exige un fort investissement pour apporter quelque chose à une telle forme de texte. Philippe Bercovici est un habitué de ce défi, puisqu’il a également illustré d’autres tomes de la collection L’incroyable histoire de… : de la médecine, de la géographie, des sciences, de la médecine, de la mythologie grecque, de la mythologie nordique. Il a effectué les recherches nécessaires pour donner à voir des éléments authentiques de chaque époque, une reconstitution historique qui se voit dans les tenues vestimentaires, les bâtiments, les décorations intérieures, tous les menus détails du quotidien. Il met en scène chaque autrice et auteur, qui s’incarne ainsi sur la page, devenant un être humain, avec ses humeurs et ses manies, ses élans du cœur et ses passions, sans oublier ses relations avec l’autre sexe. Cela humanise chaque individu, et cela permet également d’apporter le support à une touche humoristique, avec une réaction émotionnelle exagérée, ou en faisant apparaître la singularité d’une action en montrant la réaction des personnes autour. En outre, les dessins inscrivent de manière concrète l’écrivain dans son époque, dans son environnement géographique, dans son cercle social.


Insensiblement, le lecteur s’adapte à la densité de cette forme de narration voyant les éléments biographiques dessiner le portrait de vraies personnes, des individus qui ne sont plus des monstres sacrés, des réputations un peu vagues, ou un simple nom sous un titre. Ils ont aimé, ils ont vécu avec leur éducation ou son absence, ils ont pris position, ils se sont engagés politiquement ou autrement. Leur vie est inscrite dans le siècle, que ce soit Olympe de Gouges et la Révolution française, Joachim du Bellay et l’avènement de la langue française ou Émile Zola et l’affaire Dreyfus, Louis-Ferdinand Céline et l’antisémitisme, Louis Aragon et le Parti communiste français, Marguerite Duras et le FLN pendant la guerre d’Algérie, etc. Au fur et à mesure, le lecteur voit émerger l’un des paramètres qui a pu guider l’autrice, en particulier pour les auteurs du XXe siècle, qui est celui de l’engagement.


L’incroyable histoire de la littérature française ? Pas tout à fait, ou plutôt l’incroyable histoire d’autrices et d’auteurs qui ont fait la littérature française. À partir d’un choix personnel de trente-quatre auteurs et autrices, la scénariste raconte leur vie personnelle, en la remettant dans le contexte de l’époque, souvent dans le contexte littéraire, toujours dans le contexte historique, en développant leur vie personnelle, et en l’illustrant de brefs extraits (choisis également) de leurs œuvres. Le format de la narration de cette bande dessinée apparaît très contraint, avec un texte qui supplante la partie graphique, et avec un dessinateur aguerri qui apporte un niveau d’incarnation à chaque écrivain qui devient ainsi un être humain, avec une touche humoristique légère et régulière, attestant de collaboration entre scénariste et dessinateur. Le lecteur en ressort avec une vision transformé du métier d’écrivain, et, en effet, une vision plus étoffée de l’histoire de la littérature française, avec une approche pragmatique, plutôt que théorique. Enrichissant.



lundi 11 juin 2018

La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 11 - Le féminisme. En 7 slogans et citations

Ne me libère pas, je m'en charge !

Il s'agit d'une bande dessinée de 71 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2016, écrite par Anne-Charlotte Husson, dessinée et mise en couleurs par Thomas Mathieu. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe donc des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur professionnel, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.

Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un solide avant-propos de David Vandermeulen de 10 pages, plus deux pages de notes. Il commence par évoquer la place de la femme telle qu'elle apparaît dans des textes antiques, avec l'exemple de Pandore (qui répand sur le monde des maux tels que la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion) et d'Ève qui porte aussi une lourde responsabilité dans la souffrance de l'humanité. Puis il cite la place de la femme dans des ouvrages comme l'Illiade et l'Odyssée, le Yi-King et le Mahâbhârata. Il passe ensuite au proto féminisme qui apparaît au quinzième siècle avec Christine de Pizan, puis au dix-septième siècle avec Marie de Gournay, pour arriver à Benoîte Groult. Il évoque la lente évolution de la place de la femme dans la société, les différentes formes de féminisme, l'attente exprimée de nombreuses lectrices et lecteurs concernant cet ouvrage à l'annonce de sa mise en chantier, et la construction même de l'ouvrage.



La bande dessinée commence par les 2 auteurs se mettant en scène dans une discussion, constatant qu'il n'est pas possible de réduire le féminisme en une définition simple. Anne-Charlotte Husson indique qu'il y a accord sur un constat : l'existence d'une dévalorisation sociale, politique, économique et symbolique des femmes. Par contre il y a des divergences sur la cause de cette dévalorisation et sur les moyens de lutter contre. Les auteurs ont donc choisi d'explorer le féminisme à partir de citations ou de slogans, ouvrant autant de chapitres différents. (1) Olympe de Gouges (1748-1793) - La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. (2) Slogan : le privé est politique. (3) Simone de Beauvoir (1908-1986) - On ne naît pas femme, on le devient. (4) Slogan : white woman listen! (5) Slogan : nos désirs font désordre. (6) Benoîte Groult (1920-2016) - Le féminisme n'a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours. (7) Slogan : ne me libère pas, je m'en charge !

Dans son avant-propos, David Vandermeulen braque la lumière sur la place implicite de la femme dans la société telle que formulée par de nombreux textes antiques, fondateurs de différentes civilisations de par le monde. Il cite ensuite des exemples de femmes ayant contesté les visions patriarcales, condescendantes et franchement insultantes d'hommes célèbres depuis le Moyen-Âge jusqu'au dix-neuvième siècle. Ainsi il établit une vision historique des discriminations faites aux femmes, tout en rappelant qu'elles avaient obtenu plus de droits au Moyen-Âge qu'à la fin du dix-huitième siècle, en termes de propriété privée, mais aussi professionnel (par exemple des femmes médecins au treizième siècle). Paradoxalement la Révolution Française met la gente féminine sous le coup de la législation conçue et rédigée par des hommes, diminuant leurs libertés. Son exposé l'amène jusqu'au développement du féminisme dans sa pluralité, la réalité des violences faites aux femmes aujourd'hui et le choix de la structure de l'ouvrage. Cette introduction s'avère très instructive, piochant des faits établis au travers les siècles dressant le tableau de sociétés construites et régimentées par les hommes, dans lesquelles les femmes ont dû conquérir leurs droits par la lutte. Le lecteur apprécie également que cet avant-propos constitue une solide introduction à la bande dessinée, sans redite, sans redondance avec la suite.



L'avant-propos annonce clairement l'impossibilité de synthétiser les différentes formes du féminisme dans un ouvrage de vulgarisation. Les auteurs commencent en expliquant qu'effectivement, ils ne peuvent pas couvrir des siècles de féminisme, ce qui ne les empêchent pas de conserver l'objectif de faire œuvre de vulgarisation. Afin de structurer son propos, Anne-Charlotte Husson part de citations, ordonnées par ordre chronologique, et fixant le thème de chaque chapitre. Elle explore ainsi le féminisme au travers de ces thèmes partant d'une féministe historique, ou d'un mouvement particulier. Le lecteur constate que cette structure offre une grande lisibilité à un discours rigoureux et dense. Par exemple, le chapitre s'ouvrant avec la citation d'Olympe de Gouges s'articule sur l'évolution de la place de la femme dans la politique et dans les organes politiques, pour finir par une frise chronologique de l'année d'accès des femmes au droit de vote par pays, complété par la liste des 22 gouvernements dirigés par des femmes en 2015.

Anne-Charlotte Husson arrive à combiner un fil directeur par thème, et la mention de nombreuses femmes, et de nombreux faits sans donner l'impression le noyer le lecteur. Ce n'est pas si évident que ça quand en l'espace de 7 pages pour le chapitre Nos désirs font désordre, elle mentionne aussi bien le film Certains l'aiment chaud, que la conception restrictive de la sexualité des femmes (limitée à la procréation avant la deuxième vague du féminisme), la nature de l'hystérie (en passant par l'invention du premier vibromasseur), les théories freudiennes sur la sexualité féminine (la libido ne pouvant être que masculine, chez l'homme comme chez la femme), la réalité de l'invisibilisation de la sexualité féminine, le développement de la théorie Queer (initiée par Monique Wittig, reprise par Judith Buter), l'hégémonie du regard masculin (à commencer par la vision de la sexualité dans les films pornographiques, y compris celle des lesbiennes) et le mouvement LGBTQI (en insistant sur le fait que les êtres humains ne devraient pas être déterminés par leur biologie). Au cours de ce chapitre, comme les autres, le lecteur s'est immergé à la fois dans l'évolution historique de la notion du désir féminin, à la fois dans la diversité des approches, jusqu'aux positions contemporaines, soit un réel tour de force, au vu de la richesse de chaque thème.




Comme souvent dans un exercice de vulgarisation, la partie graphique se retrouve entièrement inféodée au texte. Il en va de même ici. Thomas Mathieu avait déjà réalisé Les crocodiles (2014), un ouvrage sur le harcèlement de rue. Il doit relever le défi de mettre en images un exposé dense et copieux, en essayant de faire en sorte que les dessins apportent une information supplémentaire par rapport au texte. Pour Olympe de Gouges, il rend compte de son apparence, en particulier de sa robe, avec des dessins simplifiés. Pour chaque personnage historique, il réalise ainsi des dessins comprenant suffisamment de caractéristiques visuelles pour évoquer une époque (Napoléon, le sénat lorsque Simone Veil présente sa loi du 17 janvier 1975, l'esclavage et les lynchages aux États-Unis, etc.), pour des graphiques d'ordre ou de relation (la somme des problèmes partagés par les femmes sous la forme d'un Rubik's cube, le groupe des hommes qui profite de l'oppression des femmes sous forme d'un organigramme), la diversification des identités de genre et de sexualités sous forme d'un continuum. À chaque chapitre, le lecteur peut apprécier l'inventivité de l'artiste pour trouver des images qui viennent en appui du texte. Il repère même en page 42, une parodie du tableau Le cri (1893-1917) d'Edvard Munch, pour rendre compte de l'impact émotionnel généré par les écrits de Simone de Beauvoir.

À plusieurs reprises, le lecteur se rend compte qu'il est difficile de vraiment parler de bande dessinée pour cet ouvrage. Il s'agit bien d'une suite de cases (même si elles n'ont pas de bordure) agencées de façon séquentielle sur la page. Dans le même temps, il est aussi possible de considérer l'ouvrage comme un texte illustré, la narration étant tout entièrement contenue dans le texte, les dessins illustrant chaque phrase, sans établir de suite. La frise chronologique en fin de premier chapitre est très basique (des drapeaux mis en regard des années), pas une infographie. Le trombinoscope enfin du chapitre 3 associé des bustes de féministes aux régions du globe d'où elles sont originaires, cela permet de visualiser la diversité géographique des féminismes. Arrivé dans les 2 derniers chapitres, les dessins s'effacent derrière une série de chiffres statistiques sur la violence faite aux femmes, puis derrière des citations de plusieurs femmes relatives à leur condition et leur perception du féminisme. Cependant, malgré le recul des images, la lecture reste facile et agréable, plus vivante que dans un ouvrage universitaire.





Le lecteur ressort de cet ouvrage avec une vision protéiforme des féminismes, ancrée dans son évolution historique. Les auteurs ont atteint leur objectif de vulgarisation sans rien sacrifier de la complexité des féminismes. Ils en évoquent les différentes dimensions : pouvoir politique, discrimination systémique, construction du genre, intersectionnalité entre différentes discriminations, plaisir sexuel féminin, violences faites aux femmes, expressions. Ils terminent avec un choix de déclarations d'anonymes, appliquant le principe de rendre la parole aux femmes. Si le lecteur peut parfois regretter qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une bande dessinée, il constate avec plaisir que le l'ouvrage se lit facilement malgré la densité de son propos. 5 étoiles pour un ouvrage de vulgarisation efficace et limpide, malgré la complexité de la problématique.