mercredi 23 octobre 2024

Mezek

En temps de guerre, un soldat obéit aux ordres.

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date d’avril 2011. Il est paru chez Le Lombard, dans la collection Signé de l’éditeur, collection qui vise à rassembler des œuvres d'auteurs. Il s’agit d’un album relié (couverture cartonnée ; dimensions 24,5 × 32,0 centimètres) qui compte exactement soixante planches, toutes en couleurs. En bonus de fin de recueil figurent sur une liste de douze ouvrages consultés, une biographie de chacun des deux auteurs et leur bibliographie.

Le scénario a été écrit par Yann (Yann Le Pennetier), auteur des séries Dent d'ours (2013-2018) et Angel Wings (2014-2023) et Buck Danny Origines, entre autres. La partie graphique (crayonnés, encrage et mise en couleurs) a été entièrement réalisée par le regretté André Juillard (1948-2024), dessinateur des Sept Vies de l'Épervier et artiste principal des Blake et Mortimer de l'ère post-Jacobs parmi d’autres.

Cet article est coécrit avec Barbüz.

Amorce du récit


Israël, en juin 1948, dans un quartier de Tel-Aviv, les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes dans la rue, quand soudain retentit la sirène signalant une attaque aérienne. Un homme crie qu’il s’agit de l’aviation égyptienne, encore elle. Une femme fait descendre son enfant du bus pour qu’ils se mettent à l’abri. L’escadrille d’avions – des Spitfire – survole la ville et lâche ses bombes. Soudain, les avions de l’Israeli Air Force apparaissent dans le ciel et contrattaquent, chassant les ennemis et se lançant à leur poursuite. Ils parviennent à en abattre deux, et les autres s’éloignent hors de portée. L’un des pilotes se félicite : quelle débandade ! Et ces Superman Spitfire égyptiens, descendus pas des Messerschmitt ornés de l’étoile de David ! Mais un autre pilote signale qu’un avion de leur escadrille a été abattu et que le sien est incontrôlable. Ils rentrent à l’aéroport de Herzliya, au nord-est de Tel-Aviv, la base du Squadron 101. Samuel, un mécanicien, se précipite vers le premier chasseur à atterrir, celui de Björn : il demande ce qu’il est arrivé aux deux autres Mezek. Le pilote répond qu’il se sont crashés. Soudain l’avion de Max atterrit en faisant une culbute, l’avion prend feu, le pilote meurt prisonnier du cockpit alors que son avion explose…

Contexte socio-culturel

Un titre énigmatique, un dessin cryptique (il va être question d’un avion à hélice ?), mais aussi la promesse d’une bande dessinée ambitieuse créée par deux auteurs de renom publiée dans une collection prestigieuse. Yann aurait créé cette œuvre pour faire taire les accusations d’antisémitisme à son égard, notamment à l’issue de la publication de La Patrouille des libellules. Les premières scènes permettent au lecteur de se faire une idée : une narration visuelle de type descriptive et réaliste, un récit ancré dans une réalité historique très précise. La création de l’état d’Israël a été proclamée le 14 mai 1948 par David Ben Gourion (1886-1973), au terme du mandat britannique, conformément au Plan de partage de la Palestine voté par l’ONU le 29 novembre 1947.


Le lecteur se trouve vite confronté à un certain nombre de mots qui lui parlent plus ou moins en fonction de sa familiarité avec l’histoire de cet État, la situation géopolitique de 1948 et des termes hébreux ou yiddish. Le scénariste traduit ceux-ci en bas de page : Egrof (poing), Be hezrat (Si Dieu le veut), Shiksa (jolie fille non-juive), Kugel (dessert hébreu), Schlemiel (abruti), Sodi beyoder (top secret), Hitsk (tête brûlée), etc. Malheureusement, la traduction n’est pas systématique. Même si les lecteurs devinent globalement le sens du mot, ils devront chercher eux -mêmes la traduction précise. Par exemple, un Goniff est un voleur et un Mamzer un bâtard.

Pour les forces politiques et militaires en présence, en revanche, elles sont mentionnées dans les conversations, par des personnages qui savent de quoi ils parlent, sans incorporer artificiellement des explications dans les dialogues ou des cartouches de texte. Charge au lecteur de savoir ou de se renseigner sur différentes dimensions historiques. À commencer par la guerre israélo-arabe de 1948-1949, dont les tout premiers jours voient le bombardement de Tel-Aviv par des avions égyptiens, ce qui correspond à la scène d’ouverture de la bande dessinée. Cela s’applique également à certains personnages historiques, mais probablement inconnus en dehors d’Israël, Al Schwimmer, par exemple.

Contexte et exactitude historiques

De la même manière, le scénariste évoque les faits et le contexte de l’époque comme étant connus de tout le monde, ainsi que les différentes institutions et organisations. Il est possible que le lecteur soit amené à se renseigner plus avant sur la Ligue des États arabes (fondée le 22 mars 1945), sur la Haganah et son lien avec la Force de défense d’Israël, sur l’Irgoun (Irgoun Zvaï Leoumi, organisation militaire nationale) fondée par Menahem Begin (1913-1992) et les convictions politiques de celui-ci, le Palmach (une force paramilitaire juive sioniste de Palestine mandataire), sans oublier le Sha’y (service de renseignement et de contrespionnage de la Haganah). Il suffit au lecteur de situer ces organisations de manière grossière pour que le récit lui soit intelligible, sinon certains enjeux lui resteront nébuleux. D’un autre côté, des notes en bas de page ou des remarques des personnages viennent expliciter d’autres éléments comme Kaddish (prière des morts), Kadap (technique d’autodéfense ancêtre du Krav Maga), Pancake (atterrissage en catastrophe), IAF (Israeli Air Force), et même de manière inattendue la référence à Mary Poppins (personnage principal du film de 1964, du même nom produit par les studios Disney).


Le contexte est celui de la première guerre israélo-arabe. À peine créé, le jeune État d’Israël est déjà en guerre, un mois après sa création. Yann nous montre les bombardements des Spitfire égyptiens, qui n’hésitaient aucunement à lâcher leurs charges mortelles sur des civils, femmes et enfants. Les auteurs montrent l’enthousiasme de la population pour cette Israeli Air Force nouvellement créée, bien qu’elle ne fût pas exclusivement composée d’Israéliens, car elle emploie des mercenaires. De l’autre côté, Menahem Begin et l’Irgoun veulent débarquer clandestinement de l’Altinea (Altalena) à Tel Aviv. Certains dirigeants israéliens voient là un risque de guerre civile. Yann rend compte du climat politique tendu en Israël du fait de la présence de deux factions principales hostiles l’une à l’autre. Une menace brandie dès le début de l’album, mais qui reste longtemps invisible et qui n’est représentée qu’à la fin, où elle trouve d’ailleurs sa résolution.

Pourtant, l’exactitude historique n’est pas la priorité exclusive de Yann, l’auteur s’adressant à des fanas d’aviation ou de bande dessinée de guerre en premier lieu. Dans l’absolu, ne pas se renseigner sur le contexte historique n’entravera pas la compréhension globale de l’histoire, mais elle ne permettra pas de saisir les aspects les plus fins des dialogues. Ceux qui espèrent une retranscription historique à la lettre en seront pour leurs frais, car Yann prend quelques libertés non pas avec les événements, mais avec les acteurs. Par exemple, l’attaque du 3 juin 1948, sur laquelle s’ouvre l‘album, est le fait de Modi Alon ; il joue bien un rôle dans l’album, mais ici c’est Björn, le personnage principal, qui abat les deux C-47 égyptiens ce jour-là. Yann réutilise des événements historiques pour son scénario. Ainsi, les quatre Spitfire mentionnés en planche 23 font-ils écho à un incident similaire survenu le 7 janvier 1949. De même, l’Altalena devient l’Antinéa ; le bombardier nord-américain piloté par des mercenaires remplace les canons de Tsahal.

Notons enfin que le petit défaut de l’absence de traduction mentionné plus haut s’avère agaçant aussi lorsque Yann emploie des termes techniques issus du domaine de l’aviation militaire ; ainsi, tous les lecteurs ne savent peut-être pas que le strafing est l’attaque d’objectifs au sol.

Et les Avia S-199 ?


Par comparaison, le scénariste et le dessinateur se montrent beaucoup plus didactiques pour tout ce qui relève des avions de chasse et des bombardiers de ce récit. Ils établissent le contexte du Squadron 101 : formé le 20 mai 1948, six jours après qu'Israël a déclaré son indépendance, et la constitution de son équipe de pilotes comprenant à la fois des Israéliens et des mercenaires. Ils expliquent la provenance des chasseurs, ainsi que les difficultés techniques de leur pilotage. Ils développent le mot utilisé pour le titre, une mule, appliqué aux Messerschmitt fabriqués dans une usine tchécoslovaque et livrés en Israël, par un subterfuge à base de fausse société de production de films. Grâce à eux, le lecteur assiste à livraison du premier avion bombardier pour l’escadron : un B-17, aussi connu sous le nom de Forteresse volante, construit par la société Boeing. Il est également question de la livraison des premiers Spitfire de conception et de fabrication britanniques. Il ne manque à l’appel que l’appellation spécifique desdits Messerschmitt construit en Tchécoslovaquie : Avia S-199.

Le lecteur peut compter sur le dessinateur pour des représentations précises et authentiques de ces différents avions. Il remarque également le soin apporté aux autres moyens de locomotion : modèle d’autocar, modèle des avions égyptiens, véhicules militaires de transport, blindés, moto de Björn, Jeep et même un moteur de Mezek démonté. Juillard utilise un trait très fin et très précis pour détourer les formes, avec parfois quelques traits secs pour donner un peu plus de relief, ou marquer des plis sur les vêtements. Ce soin se retrouve dans l’ensemble des véhicules (avions, voitures, camions, blindés, etc.) : en quelque sorte, une précision presque digne d’un dessin technique, mais avec de la patine en plus. Passons sur l’angle de la gerbe de flammes du canon d’aile, plutôt inhabituel (planche 13, case 1).

Autres thèmes


Yann évoque les difficultés matérielles de l’Israeli Air Force. D’abord les pertes, pas seulement au combat, aussi lors d’accidents. À un simple problème de fiabilité des avions, ces Avia S-199, vient s’ajouter une histoire de sabotage. Si les faits de guerre se succèdent, les morts accidentelles aussi, ce qui, par extension, accentue les soupçons de Björn (et des lecteurs). En outre, cela permet tant bien que mal à l’auteur de ne pas se cantonner à romancer une page de l’histoire d’Israël. Il souligne l’ingéniosité des Israéliens, prêts à monter des combines improbables pour contourner l’embargo de l’ONU sur l’armement ou capables de remonter un Spitfire entièrement opérationnel à partir de pièces d’épaves. Une bonne dose de système D, comme dans la restauration de ce vieux bombardier nord-américain qui boit la tasse.

La création de cette IAF est à mettre en parallèle de la naissance d’Israël et de cette volonté viscérale avec laquelle les participants veulent voir le projet aboutir. C’est l’engagement au quotidien, chez les femmes comme chez les hommes.

Les ennemis ne sont jamais montrés, à part les Spitfire, quelques blindés et des coups de feu. Mais aucun visage, aucune silhouette. De l’autre côté, si Moshe Dayan (1915-1981) fait une apparition, Menahem Begin demeure invisible lui aussi. Évidemment, nous sommes en 1948 : la mémoire de l’Holocauste est toute fraîche, cela engendre des réactions à fleur de peau. Enfin, il y a un contraste entre l’aridité de cette terre, témoin de nombreux combats, et de l’eau, qui lave les péchés.

Des trajectoires humaines individualisées

Le scénariste dirige une distribution d’une dizaine d’acteurs pour les rôles principaux, et le dessinateur leur donne une apparence différenciée, ainsi que des expressions de visage dans un registre adulte, qui font parfois apparaître une émotion non contrôlée, à la suite d’un événement traumatisant, ou une découverte générant une vive surprise. Ainsi la vie personnelle de chaque personnage se trouve façonnée par ces circonstances exceptionnelles : les premières semaines de vie d’un nouveau pays qui est déjà en guerre. La trame de fond évoque la naissance d’une nation, la constitution de son armée, les conséquences de l’embargo, le rôle des Nations Unies, et en sous-entendu l’espoir d’une paix mondiale. De manière organique, chacun des principaux personnages incarne une origine différente.
Des Juifs vivant déjà dans la région avant la création de l’état d’Israël, totalement légitimes dans le rôle de militaire défendant son pays, voire même obligés par les circonstances à endosser ce rôle. S’il en a la curiosité, le lecteur découvre que Modi Alon (1921-1948) a réellement existé : un pilote de chasse israélien, commandant d’un escadron de chasse ayant participé au premiers combats de l'IAF le 29 mai et le 3 juin 1948. Ici, c’est un dur à cuire à qui on ne la fait pas. Il ne rigole pas et règle rapidement les problèmes comportementaux des divas (page 19).


Parmi ces mercenaires, Björn, sans que l’on sache s’il est juif ou pas. Il a le statut de mercenaire étranger au sein de cet escadron, avec une histoire personnelle très particulière pendant la seconde guerre mondiale. Il est de nationalité suédoise. C’est un excellent pilote, parfois taciturne et enclin à la solitude. Il parle peu et se ne se livre jamais. Il y a quelque chose d’énigmatique chez lui. Il est aussi mystérieux qu’il est (presque) silencieux. C’est le favori de la gent féminine, bien qu’il tente de rester honnête au sujet de ses sentiments envers ses ex-compagnes.

Il y a un Juif américain qui se retrouve à être mercenaire également, une combattante du Plamach, le mécanicien superstitieux, etc. Le lecteur voit la diversité des origines des combattants côté israélien.

Il s’agit là d’une galerie de personnages forts. L’histoire de l’Israeli Air Force aurait été différente sans les mercenaires. Pourtant, ils ne sont pas toujours bien accueillis, au contraire. Une faction d’Israéliens, représentés ici par le lieutenant Ezer Lumer, s’oppose à la présence de goys dans l’IAF. Cela engendre une inimitié et des bagarres. Yann revient sur ce qui a poussé ces jeunes hommes, anglais, nord-américains ou belges, à se battre pour l’étoile de David : l’attrait de l’aventure, la frustration de ne pas avoir combattu pendant la Seconde Guerre mondiale ou encore la volonté d’échapper à un quotidien perçu comme trop banal. Au fur et à mesure que l’IAF s’étoffe, ils deviennent de plus en plus embarrassants ; le commandement s’en cache à peine. Ce désamour engendre également des séquences inattendues, comme la réaction d’Oona (planche 22).

Il y a plusieurs femmes dans cet opus, et trois d’entre elles ont des rôles remarquables. Yann dépeint des guerrières, sûre d’elles et engagées sans la moindre réserve. Ce sont elles, les vraies et seules héroïnes d’une histoire dans laquelle les hommes cultivent une face cachée qui ne les avantage pas.

Écriture


Les habitudes narratives de Yann sont aisément identifiables. La première qui frappe est l’utilisation de mots ou d’expressions dans la langue des interlocuteurs, l’un des péchés mignons de l’auteur, qui ne sait pas ne pas en abuser. Ici, de l’hébreu et surtout du yiddish (l’exactitude de l’orthographe n’est pas garantie), mais aussi de l’anglais.

Il y a beaucoup de texte, les cartouches sont parfois très fournis ; les lecteurs doivent se conditionner et ne pas entamer la lecture s’ils n’ont pas le temps de s’attarder sur le texte. La planche 25, sans paroles, représente une rupture aussi soudaine qu’inattendue.

La narration manque singulièrement de tension. Le lecteur prend plaisir à parcourir l’histoire, mais les situations rocambolesques et les mots spirituels se succèdent sans que le suspense ne s’instaure vraiment, d’autant que l’affaire d’espionnage tombe à plat. Touffus, les aspects historiques conservent trop de place dans l’intrigue.

Si l’ensemble est cohérent, la séquence de la diffusion du film d’actualités nazies est invraisemblable. L’intéressé étant directement incriminé par ces images compromettantes, pourquoi s’est-il contenté de débrancher le projecteur sans détruire la pellicule ? Il avait pourtant le temps de le faire.

Narration visuelle

Le lecteur déguste les dessins qui présentent une forte filiation avec la Ligne Claire : trait noir d'épaisseur régulière pour tous les éléments de dessin, pas d’ombre dessinée pour les personnages (mais présentes pour les véhicules), uniquement des cases rectangulaires disposées en bande, se permettant la fantaisie d’une poignée de cases en insert. Mais aussi le réalisme et le sens détail, dense, mais au dosage juste.


Pour autant, l’artiste a choisi de s’affranchir de la limite des couleurs en aplats pour introduire des nuances plus foncées venant rehausser le relier des formes, et marquer l’ombre des personnages. Ainsi la narration visuelle semble s’apparenter à un reportage en prises de vue réelle, ce qui place le récit sur le plan du témoignage en (quasi) temps réel, avec l’avantage d’un placement de caméra le mieux choisi par rapport au moment de chaque scène.

Le lecteur se rend compte que la narration visuelle semble presque épurée, avec des cases lisibles au premier coup d’œil, et que dans le même temps, elle apporte énormément d’élément d’informations qui viennent compléter les dialogues, sans redite. Il peut ainsi apprécier les paysages des différents lieux d’Israël, allant de la base du Squadron 101 assez spartiate, aux bains de minuit.

Le dessinateur place ses personnages dans le même registre réaliste, avec une discrète touche romanesque pour Björn et certains personnages féminins, ainsi qu’une sensualité inattendue à l’occasion des bains de minuit. Juillard a voulu refléter les couleurs méditerranéennes, bien qu’elles puissent ne pas être suffisamment organiques au goût de certains lecteurs. La planche 18 force l’admiration, car elle présente un effet de contraste entre ombre et lumière dû au soleil qui passer par les mailles du filet de camouflage posé sur l’avion.

Le trait fin et élégant de Juillard est particulièrement adapté à cette épopée. Cependant, ses compositions sont parfois étriquées et les combats aériens manquent d’ampleur et d’espace. Ses avions volent parfois très bas, voir le Spitfire d’Ezer en planche 23. Le trait est assez statique, sans trop de mouvement, pas forcément épique, mais c’est clair, limpide, fluide, lisible avec clarté, limpidité et fluidité, sans oublier la mise en page irréprochable et le découpage impeccable.

Petit clin d’œil de Juillard à ses fans : en page 35, ils reconnaîtront Blake et Mortimer dans le pub.

Conclusion

La couverture promet vaguement une histoire de guerre sans beaucoup plus de précision. La narration visuelle emporte tout de suite le lecteur à Tel-Aviv en 1948 : un lieu et une époque bien définis, avec des dessins minutieux réalisant une reconstitution historique solide et facile à lire. L’intrigue se déroule au tout début de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, aux côtés du premier escadron de l’armée de l’air israélienne. Sous réserve qu’il dispose de quelques connaissances sur cette période à cet endroit du globe, le lecteur découvre un récit intégrant plusieurs dimensions : reconstitution historique et mission épineuse pour arrêter l’Antinea, difficultés à surmonter pour faire exister cette armée de l’air, réalité de la diversité des vies des êtres humains attachants constituant ladite armée, se retrouvant à défendre l’état d’Israël contre un ennemi extérieur, et un risque intérieur.

Une réalité complexe, à appréhender en parallèle du long chemin de délivrance que Yann a imaginé pour Björn. Son purgatoire est semé d’embûches et la rédemption s’opère dans la douleur. Mais la lumière est bien présente au bout du tunnel et elle porte la promesse d’un nouveau départ, pour le personnage principal, pour le peuple juif et pour Israël, dont le destin a été forgée autant par les femmes que par les hommes.



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